Mot du SG

La particularité de la Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal/FORCES DU CHANGEMENT (Cnts/FC), c’est son courant syndical. Celui-ci émane d’une analyse approfondie de l’évolution historique du mouvement syndical dans le monde et en Afrique pendant les périodes pré et post indépendance, de l’impact de ce mouvement dans les luttes de libération des peuples africains mais aussi des relations syndicats/partis politiques.

En effet, il est avéré que le syndicalisme est à la base des grands événements qui ont marqué la marche de l’humanité. A titre d’exemple, la révolution française est partie, selon l’académie de Poitier, de la conjugaison et du prolongement des luttes ouvrières à Paris, d’une part, et du soulèvement politique contre la royauté, parti de Grenoble, d’autre part.

En Afrique, l’implication de la première génération de syndicalistes dans les luttes de libération des peuples a engendré les indépendances. C’est d’ailleurs la prise en charge déterminante par le mouvement syndical de ces luttes, qui a justifié le choix des premiers chefs d’Etats parmi les leaders syndicaux : Ahmeth Sékou TOURE en Guinée, Maurice YAMEYEGO en Haute Volta (actuel Burkina Fasso), Houphouët BOUAGNY (secrétaire général du syndicat des planteurs) en Côte d’Ivoire. La liste n’est pas exhaustive.

Quant aux rapports Syndicats / Partis politiques, les évènements de mai 1968, cet autre repère qui inspire notre pensée syndicale, en constituent une illustration patente. En effet, l’implication du mouvement syndical sénégalais dans la révolte des étudiants de mai 68, avait fini d’ébranler le pouvoir de Senghor qui a usé de méthodes de forte répression pour sauver ce dernier confisqué par la rue : arrestations, déportations, incorporation forcée dans l’armée et incarcération dans des conditions inhumaines, de dirigeants syndicaux et d’étudiants.

Dans la même veine, l’UNTS (Union Nationale des Travailleurs du Sénégal), confédération syndicale et principale force organisée du pays fut dissoute, tous ses dirigeants incarcérés dans la redoutable prison coloniale de Dodji (département de Linguère), choisie pour ses conditions climatiques quasi insupportables.

Afin de diluer sensiblement la capacité de nuisance du mouvement syndical à l’encontre du pouvoir politique, tout en le maintenant, Senghor intègre la notion de « PARTICIPATION RESPONSABLE » dans la gestion du pouvoir politique, avec la création de la CNTS en 1969, un an après la dissolution de l’UNTS. Ce faisant, la CNTS, en tant qu’appareil d’exécution de la « participation responsable » était une véritable section, non avouée du parti socialiste, tenant du pouvoir. A ce titre elle fut attributaire régulièrement d’un quota de postes ministériels, à l’assemblée nationale, jusqu’au plus haut niveau dans le bureau de l’institution, dans la représentation diplomatique et dans tout le dispositif du pouvoir central et décentralisé.

Cette altération insidieuse du mouvement syndical, a engendré des révoltes internes qui se sont manifestées sous différentes formes. Pour garder leur autonomie d’actions et de lutte, certains ont choisi de quitter la CNTS pour créer d’autres organisations. D’autres par contre, dont les initiateurs de notre courant, la plupart arrivés à partir des années 1992, ont opté d’y rester avec moi.

Notre attitude se justifie pour plusieurs raisons. En effet, la CNTS était le creuset du mouvement ouvrier et la force syndicale de loin la plus représentative. Nous nourrissions la grandiose ambition d’en changer l’orientation idéologique de la « participation responsable », de l’intérieur, afin d’en faire un vrai cadre de lutte, d’actions et de réflexion, exclusivement réservé aux masses laborieuses. A cette fin, il devra, au-delà de la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs, inscrire son action dans celle du peuple et intégrer ses préoccupations dans celles des populations.

Pour y arriver, « un Comité d’Initiative pour une Cnts Libre Indépendante et Démocratique » (CICLID) est clandestinement mis sur pied en 1996 par de jeunes dirigeants d’organisations professionnelles fortes, dans des secteurs stratégiques comme le pétrole, les banques, les transports aérien et routier, entre autres.

N’ayant pas réussi à conserver intacte l’organisation transformée de l’intérieur, « un nouveau souffle syndical pour de nouvelles conquêtes sociales » a germé, concrétisé par le congrès constitutif en 2002 de la CNTS FORCES DU CHANGEMENT marquant la scission définitive d’avec la CNTS.

Cheikh DIOP
Secrétaire Général de la CNTS FC

Mail SG : cheikhdiopfc@yahoo.fr
Tel SG : 77 574 10 71

Dakar, janvier 2022

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